En mars dernier, l’Etat pakistanais offrait au monde entier la preuve de sa puissance nucléaire avec l’inauguration de la plus importante centrale du pays issu en totalité de la technologie chinoise.
C’est également en mars dernier qu’a été
officiellement présenté le 14ème Plan Quinquennal chinois, feuille
de route de l’Empire du Milieu pour les 5 prochaines années. Et de toute
évidence, le nucléaire y tient une place de choix. Ainsi, 4 centrales en
moyenne devraient voir le jour tous les ans durant toute la durée de ce Plan.
N’oublions pas que les centrales nucléaires en
Chine sont aujourd’hui dix fois plus nombreuses qu’elles ne l’étaient en l’an
2000, soit lors de deux décennies au cours desquelles de nombreux Etats ont
clairement exprimé leur volonté de se désengager du nucléaire. La tragédie de
Fukushima (2011) a fortement contribué à cela.
Pour autant, la Chine n’a jamais caché ses
ambitions dont celle de devenir d’ici une dizaine d’années, le tout premier
producteur d’électricité nucléaire.
Confrontée à des besoins absolument colossaux et
croissants en termes énergétiques, la Chine a su adopter des approches
tactiques. Consciente de l’importance de maîtriser ses propres sources
d’énergies, mais également de limiter drastiquement sa dépendance au charbon,
la Chine a misé sur une progression accélérée de la production d'électricité
nucléaire.
Réduire sa dépendance à la technologie
occidentale a été une priorité affirmée et assumée de la part des autorités
chinoises qui ont d’ailleurs octroyé des aides tout à fait exceptionnelles
(plusieurs milliards de dollars) aux entreprises locales pour atteindre cet
objectif.
Depuis un peu plus de deux ans, la Chine
bénéficie de près d’une quarantaine de réacteurs nucléaires, tous actifs,
positionnés au sud–est du pays dans la région la plus développée du point de
vue économique.
Le savoir-faire qui est désormais le sien dans
ce domaine permet à la Chine de se positionner comme un acteur clé dans le
domaine de l’exportation de la technologie nucléaire et des partenariats, avec la
Turquie, l’Argentine, l’Egypte, ou l’Afrique du Sud notamment, sont en cours de
finalisation.
De toute évidence, la Chine fait désormais
partie des interlocuteurs avec lesquels il est indispensable de négocier, plus
particulièrement dans le domaine des centrales nucléaires de dernière
génération. Le programme chinois appelé « Dragon Rising » est un complexe
particulièrement innovant qui fédère l’apport d’un vingtaine d’instituts de
recherche en technologie nucléaire, autour de projets d’innovation et d’amélioration
technologiques dans le domaine du nucléaire.
Pour développer sa stratégie diplomatique, la
Chine a pris soin de proposer des centrales ou des réacteurs à des coûts
relativement abordables, dont l’acquisition est parfois facilitée par l’octroi
de prêts avantageux auxquels certains Etats sont nécessairement sensibles.
Désormais, la Chine, à l’instar de la Russie, propose à ses interlocuteurs étrangers plusieurs formats de réacteurs nucléaires dont les plus petits, destinés à des centrales nucléaires flottantes et d’une durée de fonctionnement réduite à une cinquantaine d’années, ont pour objectif la production de la chaleur urbaine.
Tel est ainsi l’un de objectifs avoués de la Chine : mettre le nucléaire au service de bien
autre chose que la seule production d’électricité.