Tuesday, March 23, 2021

Epigénétique : le génie du vivant

Chaque avancée de la recherche en génétique témoigne de la complexité et du caractère profondément unique et talentueux du corps humain, dans ses composantes les plus subtiles.

Il y a quelques décennies, la médecine engageait ses efforts dans le décryptage de l’ADN et dans la lecture du génome humain, dans le cadre de la prise en charge de certains virus d’envergure, de maladies auto-immunes ou de maladies génétiques rares dîtes orphelines.

L’approche qui a longtemps perduré, partait de l’hypothèse que l’ADN était une signature inimitable de chacun d’entre nous, dessinée de manière unique et remarquable,  transmise par l’antériorité des histoires familiales, récentes ou beaucoup plus lointaines, dans une sorte de déterminisme inévitable.

Tout pouvait donc être inscrit, défini, expliqué, compris, par une bande ADN que l’on a longtemps crue figée par les certitudes qui marquent toute démonstration scientifique…jusqu’à la preuve du contraire.

Ainsi avance la Science, la vraie, celle qui sait qu’il n’y jamais une vérité figée mais une réalité du moment, une démonstration actée et expliquée, une compréhension à un instant « T » du mystère de la Vie.

Dans les années 2000, M. Joël De Rosnay, porteur d’une curiosité scientifique reconnue et grand passionné de la nature humaine, a été l’un des premiers à évoquer l’importance de l’environnement de vie, de la nature, des croyances, des pensées, de l’alimentation, de l’entourage familial, sur notre génétique, laquelle, loin d’être figée, est une carte évolutive de ce que nous devenons, jour après jour…prèsde 20 ans plus tard, il publiera «  La symphonie du vivant », ouvrage de référence qui démontre avec simplicité et clarté comment l’épigénétique peut changer une vie.

Ce scientifique de talent rappelle alors l’importance de « manager son corps », d’étudier l’épigénome et sa régulation pour comprendre et contrecarrer le vieillissement physique et cérébral, et lutter contre le développement de certaines maladies dîtes incurables

Progressivement, les sciences biologiques se sont ouvertes à cette grande révolution génétique du XXIème siècle. En 2012, une chaire d’«épigénétique et mémoire cellulaire » a vu le jour au Collège de France, suivi du lancement du programme européen « Epigénome ».

Longtemps placés au centre de la théorie de l’hérédité qui a marqué la recherche biologique du XIXème siècle, les gènes ne sont plus ces données immuables transmises de générations à générations.

L’épigénétique nous enseigne qu’à l’état embryonnaire déjà, toute forme de vie humaine est porteuse d’informations trans-générationelles précises et complexes, tout en étant infiniment réceptive aux modifications environnementales, chimiques mais également physiologiques.  Cette nouvelle approche fait souffler un vent nouveau sur la recherche biologique et le déterminisme scientifique.

Une croyance peut devenir pour beaucoup d’entre nous une certitude. Jusqu’à l’âge de 7 ans environ, croyances et préjugés, sont ancrés dans notre cerveau...jusqu’à ce qu’un évènement, un choc, ou une simple prise de conscience transforment en profondeur nos patrimoine et mémoire cellulaires.

Les travaux récents menés dans le domaine de l’hypnose attestent de l’impact de cette approche sur la génétique des patients et sur le bouleversement, de leur vie comme de leur ADN.

Ainsi, modifier son inconscient, changer une habitude pourtant bien ancrée, apprendre au corps à se soumettre à un entrainement physique puis à y prendre plaisir, changer radicalement de mode d’alimentation sont autant de leviers d’évolution de l’ADN.

Le degré d’empathie du cadre familial d’un enfant, peut avoir un impact, des années plus tard, sur son système parasympathique.

rire et son shoot d’endorphine, les gestes d’affection et leur cortège d’ocytocine, la pratique régulière de la cohérence cardiaque, la méditation, tout ceci, et mille autres bouleversements infimes ou d’envergure définissent ce que nous sommes, bien au-delà de notre seule histoire personnelle, familiale ou collective.

Le lien entre le psychisme et la biologie est alors fait et l’on comprend que la perception de l’environnement par la moindre cellule, contrôle son comportement. Cette même perception va impacter les gênes jusqu’à les réécrivent.

L’épigénétique nous invite à la responsabilité de nos modes de vie, de nos comportements, de nos pensées. Elle nous appelle également à agir en conscience du potentiel humain infini dont nous sommes tous, mais de manière unique, porteurs.


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