Friday, May 28, 2021

Le nucléaire et l’art subtil de la diplomatie chinoise.

En mars dernier, l’Etat pakistanais offrait au monde entier la preuve de sa puissance nucléaire avec l’inauguration de la plus importante centrale du pays issu en totalité de la technologie chinoise.

C’est également en mars dernier qu’a été officiellement présenté le 14ème Plan Quinquennal chinois, feuille de route de l’Empire du Milieu pour les 5 prochaines années. Et de toute évidence, le nucléaire y tient une place de choix. Ainsi, 4 centrales en moyenne devraient voir le jour tous les ans durant toute la durée de ce Plan.



N’oublions pas que les centrales nucléaires en Chine sont aujourd’hui dix fois plus nombreuses qu’elles ne l’étaient en l’an 2000, soit lors de deux décennies au cours desquelles de nombreux Etats ont clairement exprimé leur volonté de se désengager du nucléaire. La tragédie de Fukushima (2011) a fortement contribué à cela.

Pour autant, la Chine n’a jamais caché ses ambitions dont celle de devenir d’ici une dizaine d’années, le tout premier producteur d’électricité nucléaire.

Confrontée à des besoins absolument colossaux et croissants en termes énergétiques, la Chine a su adopter des approches tactiques. Consciente de l’importance de maîtriser ses propres sources d’énergies, mais également de limiter drastiquement sa dépendance au charbon, la Chine a misé sur une progression accélérée de la production d'électricité nucléaire.

Réduire sa dépendance à la technologie occidentale a été une priorité affirmée et assumée de la part des autorités chinoises qui ont d’ailleurs octroyé des aides tout à fait exceptionnelles (plusieurs milliards de dollars) aux entreprises locales pour atteindre cet objectif.

Depuis un peu plus de deux ans, la Chine bénéficie de près d’une quarantaine de réacteurs nucléaires, tous actifs, positionnés au sud–est du pays dans la région la plus développée du point de vue économique.

Le savoir-faire qui est désormais le sien dans ce domaine permet à la Chine de se positionner comme un acteur clé dans le domaine de l’exportation de la technologie nucléaire et des partenariats, avec la Turquie, l’Argentine, l’Egypte, ou l’Afrique du Sud notamment, sont en cours de finalisation.

De toute évidence, la Chine fait désormais partie des interlocuteurs avec lesquels il est indispensable de négocier, plus particulièrement dans le domaine des centrales nucléaires de dernière génération. Le programme chinois appelé « Dragon Rising » est un complexe particulièrement innovant qui fédère l’apport d’un vingtaine d’instituts de recherche en technologie nucléaire, autour de projets d’innovation et d’amélioration technologiques dans le domaine du nucléaire.

Pour développer sa stratégie diplomatique, la Chine a pris soin de proposer des centrales ou des réacteurs à des coûts relativement abordables, dont l’acquisition est parfois facilitée par l’octroi de prêts avantageux auxquels certains Etats sont nécessairement sensibles.

Désormais, la Chine, à l’instar de la Russie, propose à ses interlocuteurs étrangers plusieurs formats de réacteurs nucléaires dont les plus petits, destinés à des centrales nucléaires flottantes et d’une durée de fonctionnement réduite à une cinquantaine d’années, ont pour objectif la production de la chaleur urbaine.

Tel est ainsi l’un de objectifs avoués de la Chine : mettre le nucléaire au service de bien autre chose que la seule production d’électricité.

 

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                                                                                                                                 Riadh BENAÏSSA

 

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