Chaque avancée de la recherche en génétique témoigne de la complexité et du caractère profondément unique et talentueux du corps humain, dans ses composantes les plus subtiles.
Il y a quelques décennies, la médecine engageait ses efforts dans le décryptage de l’ADN et dans la lecture du génome humain, dans le cadre de la prise en charge de certains virus d’envergure, de maladies auto-immunes ou de maladies génétiques rares dîtes orphelines.
L’approche qui a longtemps perduré, partait de l’hypothèse que l’ADN était une signature inimitable de chacun d’entre nous, dessinée de manière unique et remarquable, transmise par l’antériorité des histoires familiales, récentes ou beaucoup plus lointaines, dans une sorte de déterminisme inévitable.
Tout pouvait donc être inscrit, défini, expliqué, compris, par une bande ADN que l’on a longtemps crue figée par les certitudes qui marquent toute démonstration scientifique…jusqu’à la preuve du contraire.
Ainsi avance la Science, la vraie, celle qui sait qu’il n’y jamais une vérité figée mais une réalité du moment, une démonstration actée et expliquée, une compréhension à un instant « T » du mystère de la Vie.
Dans les années
2000, M. Joël De Rosnay, porteur d’une curiosité scientifique reconnue et grand
passionné de la nature humaine, a été l’un des premiers à évoquer l’importance
de l’environnement de vie, de la nature, des croyances, des pensées, de
l’alimentation, de l’entourage familial, sur notre génétique, laquelle, loin
d’être figée, est une carte évolutive de ce que nous devenons, jour après jour…prèsde
20 ans plus tard, il publiera « La symphonie du vivant », ouvrage de
référence qui démontre avec simplicité et clarté comment l’épigénétique peut
changer une vie.
Ce scientifique de
talent rappelle alors l’importance de « manager son corps »,
d’étudier l’épigénome et sa régulation pour comprendre et contrecarrer le
vieillissement physique et cérébral, et lutter contre le développement de
certaines maladies dîtes incurables
Progressivement, les sciences biologiques se sont ouvertes à cette grande révolution génétique du XXIème siècle. En 2012, une chaire d’«épigénétique et mémoire cellulaire » a vu le jour au Collège de France, suivi du lancement du programme européen « Epigénome ».
Longtemps placés au
centre de la théorie de l’hérédité qui a marqué la recherche biologique du
XIXème siècle, les gènes ne sont plus ces données immuables transmises de
générations à générations.
L’épigénétique nous enseigne qu’à l’état embryonnaire déjà, toute forme de vie humaine est porteuse d’informations trans-générationelles précises et complexes, tout en étant infiniment réceptive aux modifications environnementales, chimiques mais également physiologiques. Cette nouvelle approche fait souffler un vent nouveau sur la recherche biologique et le déterminisme scientifique.
Une croyance peut
devenir pour beaucoup d’entre nous une certitude. Jusqu’à l’âge de 7 ans
environ, croyances et préjugés, sont ancrés dans notre cerveau...jusqu’à ce
qu’un évènement, un choc, ou une simple prise de conscience transforment en
profondeur nos patrimoine et mémoire cellulaires.
Les travaux récents
menés dans le domaine de l’hypnose attestent de l’impact de cette approche sur
la génétique des patients et sur le bouleversement, de leur vie comme de leur
ADN.
Ainsi, modifier son
inconscient, changer une habitude pourtant bien ancrée, apprendre au corps à se
soumettre à un entrainement physique puis à y prendre plaisir, changer
radicalement de mode d’alimentation sont autant de leviers d’évolution de
l’ADN.
Le degré d’empathie
du cadre familial d’un enfant, peut avoir un impact, des années plus tard, sur
son système parasympathique.
rire et son shoot
d’endorphine, les gestes d’affection et leur cortège d’ocytocine, la pratique
régulière de la cohérence cardiaque, la méditation, tout ceci, et mille autres
bouleversements infimes ou d’envergure définissent ce que nous sommes, bien
au-delà de notre seule histoire personnelle, familiale ou collective.
Le lien entre le psychisme et la biologie est alors fait et l’on comprend que la perception de l’environnement par la moindre cellule, contrôle son comportement. Cette même perception va impacter les gênes jusqu’à les réécrivent.
L’épigénétique nous
invite à la responsabilité de nos modes de vie, de nos comportements, de nos
pensées. Elle nous appelle également à agir en conscience du potentiel humain
infini dont nous sommes tous, mais de manière unique, porteurs.